Guanajuato... on aurait aimé arriver tôt

Publié le par Laurine T.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, l’organisation de notre accueil, à défaut d’être totalement efficace, est quand même très sécur’. Tout est fait pour que l’on ne soit pas perdu.e.s à notre arrivée à Mexico : l’hébergement est réservé, des plans de la ville nous sont fournis, les transports en bus sont pris en charge. Le rendez avec nos tuteurs et tutrices respectifs à Mexico relève de cette même logique. Ainsi, en théorie, chaque professeur référent dans son établissement vient récupérer son ou ses assistant.e.s au DF – on n’a donc pas à se préoccuper de la façon dont on rejoint nos villes d’affectation.

Pour ma part, Céline, ma tutrice, est venue nous récupérer, Claire (l'autre assistante de français) et moi, directement à la SEP. Tous les tuteurs et les tutrices avaient un p'tit drapeau en papier frappé de l'emblème de la SEP avec notre nom dessus, il fallait voir cette forêt de fanions agités avec une molle conviction par l'assemblée... J'ai trouvé rapidement mon p'tit drapeau Laurine Camille Marie etc. (c'est assez marrant d'ailleurs, en général ici ils ne comprennent pas que j'ai trois prénoms et un seul nom). Céline nous explique que l'on va à Guanajuato dans la voiture officielle de l'université, avec la tutrice d'allemand et son assistante, Sarah. C'est là que les péripéties commencent : on retourne rapidement à l'hostel juste à côté chercher nos valises énormes. Quand on revient, la voiture de l'université est garée sur le trottoir, les tutrices nous font signe de nous éloigner et de ne pas nous mêler à la discussion en cours avec la police. On comprend ensuite qu'un sabot a été mis à la voiture "mal garée", ou plutôt immatriculée ailleurs qu'au Distrito Federal... Tous les taxis et toutes les voitures se garent de la même façon, à l'arrach, et personne ne leur dit rien. On râle, mais le sabot étant là, il faut payer l'amende... L'université décline la responsabilité, le chauffeur aussi, on finit par tous et toutes se cotiser pour pouvoir démarrer. Une heure de perdue, déjà.

Mais ce serait pas marrant si ça s'arrêtait là : si payer l'amende est indispensable au retrait du sabot, la payer ne signifie pas pour autant le retrait... encore faut-il s'armer de patience. Ainsi, une fois l'amende payée, on poireaute encore une heure avant que les flics ne reviennent avec un trousseau de quarante clés qu'ils essaient une par une, pour s'apercevoir qu'aucune ne rentre... Evidemment. Une autre heure d'attente en plus, pour les voir revenir avec un autre trousseau, qui ne marche pas plus. Il faut attendre la troisième fois pour qu'ils arrivent péniblement à ouvrir le truc, on a du voir défiler toutes les clés de la police locale... On décolle donc du DF autour de 18h30 au lieu de 14h ou 15h... Ceux et celles qui ont déjà vécu la sortie en voiture d'une capitale un vendredi soir imaginent sûrement la suite... Bref, on est arrivés à Guanajuato à minuit.

Heureusement, notre tutrice s'était gentiment occupé de nous trouver un logement. Bon, je vous avoue qu'on cherche autre chose, parce qu'il a quand même pas mal de défaut cet appart : déjà, on a pas internet. Et sans être chochotte, quand on veut préparer un cours / tenir un blog / skyper ses proches, ne pas avoir internet en casa, c'est tout de suite un peu la loose (je vous ferai sûrement le top trois des cafés-avec-wifi que je kiffe à un moment, je commence déjà à bien les connaître...). Au delà de ça, on est logées loin du centre, à pied c'est une grosse demi heure de marche aller et plus au retour, parce qu'il faut remonter toute une volée de marches... Quand je dis une volée, c'est pas une petite volée, c'est genre une bonne grosse centaine bien espacées et entre les marches de la montée encore, retourner at home est vraiment une épreuve de force... Mais la vue est imprenable. Cela dit, ce n'est pas tellement le côté sportif qui me pose problème (je frissonne de bonheur à l'idée de la multiplication de mes petits globules rouges) (même si remonter des courses est mission quasi impossible), non, le problème est bien davantage qu'on nous a doucement suggéré - voire chaudement recommandé - de ne pas nous aventurer seules, ni même à deux, dans les escaliers passée une certaine heure, on ne sait jamais, hein (regard entendu). J'ai encore du mal à faire la part des choses entre ce qui relève d'un conseil de prudence avisé face à un danger véritable et ce qui relève d'un fantasme de violence par lla classe moyenne-sup, mais comme on m'a beaucoup engagée à faire attention à moi, et que j'essaie de pas être totalement inconsciente, pour tout retour après une certaine heure je ne fais pas l'économie du taxi. Ca ne coûte pas très cher, mais ça limite quand même les sorties nocturnes.

La vue depuis chez moi et l'Escalier de la Prudence... La vue depuis chez moi et l'Escalier de la Prudence...
La vue depuis chez moi et l'Escalier de la Prudence... La vue depuis chez moi et l'Escalier de la Prudence...

La vue depuis chez moi et l'Escalier de la Prudence...

Tout ça pour dire que, définitivement : avec Claire, ma coloc, on cherche autre chose, seules ou ensemble. Mais trouver un appart ou une chambre en plein Cervantino, c'est un peu comme chercher une place de parking du côté de l'ENS un soir de match à Gerland... La galère, quoi. Le semestre a commencé depuis août, et tous les logements vacants sont loués au prix fort aux milliers d'étrangers venus coloniser la ville pour la durée du festival (c'est un énormissime festival de spectacle vivant, je lui consacrerai sûrement un article quand ce sera fini, pour le moment je décortique la programmation avec bonheur, c'est incroyable la quantité de spectacles qu'ils proposent, pour un prix dérisoire voire gratuitement... Moi qui me sentais lésée d'avoir raté une bonne partie de la biennale à Lyon, je vais bien me rattraper...). Il reste quelques places dans des chambres, mais pas des chambres individuelles. Ici la plupart des étudiants et des étudiantes partagent des chambres (d'ailleurs les colocs sont souvent unisexe, colocs de filles, colos de mecs), c'est hyper normal de louer seulement un lit, la notion d'intimité n'est pas exactement la même que celle que l'on connait. Pour ma part, j'aime bien vivre en groupe, partager les cheveux dans l'évacuation de la douche et la vaisselle sale dans l'évier, mais avoir ma propre chambre relève quand même du minimum vital (à la limite, je voudrais bien partager avec mon frère ou ma soeur, mais ce serait pas très pratique pour arriver à l'heure le matin, kiss kiss love love les frangins, je pense à vous). Bref : je cherche encore.

A propos de l'intimité : le contact ici est vraiment différent. J'ai toujours cru que j'étais tactile, voire très tactile, dans ma façon de dire bonjour et d'une façon générale, on me l'a dit plusieurs fois, et c'est vrai que j'ai toujours tendance à mettre une main sur l'épaule ou faire des câlins. Tactile, quoi. Sauf que... non. En fait non. Définitivement non : ici, les gens que tu rencontres, copain de copain, copine de copine, copine de copain, copain de copine, etc., les gens que tu rencontres te font une bise (une seule!) et te serrent dans leur bras. Tu fais des câlins aux gens que tu viens à peine de rencontrer, à la prof de yoga à la fin du cours, à la nana croisée en soirée pour dire au revoir, au mec que tu as vu une fois et que tu recroises dans la rue par hasard (Guanajuato est très petit, en recroise facilement les gens par hasard, ça m'est arrivé trois fois en une semaine...!). Genre un vrai câlin, celui que je réserve normalement à mes copines quand je les ai pas vues depuis longtemps longtemps (kiss kiss love love les copines, je pense à vous).

Dans le fond je crois que j'aime bien, il y a de la chaleur là dedans, quelque chose qui réchauffe vraiment, simplement au début ça surprend un peu, y'a sûrement des fois où j'ai du rester raide comme si j'avais un balai dans raide comme un piquet, sans trop savoir ce que la personne en face mettait comme intention, et l'intention c'est fondamental, n'est ce pas.

Je vous ajoute quelques photos en prime pour vous donner envie de venir me voir à Guana, qui est décidément une ville que j'aime (je me suis d'ailleurs rendu compte, en faisant une présentation de Lyon à mes élèves, à quel point ces deux villes peuvent se ressembler...)

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